
Une société haïtienne entassée de crises de toutes sortes, politiques, sanitaires, sécuritaires, est un terrain propice au développement des maladies mentales. Les prises en charge sont de plus en plus difficiles. Encore plus quand on vit dans un pays qui n’a aucune infrastructure et que l’État y est pratiquement absent. Alors nous avons été visiter le premier centre de santé mentale du pays, le Centre de santé mentale de Morne Pelé dans le département du Nord.
Créé en octobre 2017, le Centre de santé mentale de Morne Pelé dessert la population depuis tantôt quatre ans. Il offre des services de psychologie globale. Et bientôt un service de massothérapie et de sylvothérapie.
C’est un climat adapté qui attend les patients de ce centre. Une mini forêt, des décorations, à l’abri des bruits et tensions, on y reçoit même des visites de certains groupes de jeunes.
Dans le cadre d’un coup d’oeil à Morne Pelé, nous avons rencontré Guesly Michel qui nous a parlé du fonctionnement du centre. Psycholoque et gestionnaire culturel, il est l’initiateur de ce premier centre de santé mentale du pays.
Selon ce qu’il nous a raconté, le principal objectif est de permettre aux gens de comprendre que les maladies mentales peuvent être traitées autrement que d’habitude.
En effet, selon les dires du psychologue, pour les gens de Quartier Morin, le premier réflexe quand ont est frappé d’un quelconque trouble mental ce n’est plus d’aller voir un Ougan ou de faire des jours de jeûne.
« Grâce à cette initiative, les habitants commencent à se démarquer de la conception haïtienne arbitraire et archaïque des personnes atteintes d’un dysfonctionnement psychique. « Certains savent désormais qu’aller voir un psychologue ne fait pas d’eux » Yon moun fou » comme nous avons tendance à le croire », nous a t-il confié. Ce qu’il estime être très stigmatisant et empêche souvent aux haïtiens de fréquenter un psy.
Ce dernier a laissé entendre qu’au début l’idée même était mal reçue parce qu’on ne comprenait pas la démarche. » Voir un jeune homme qui travaillait avec des ONG venir implanter un centre de Santé mentale, on ne le comprenait pas immédiatement », a t-il expliqué. C’est, d’après lui, le premier obstacle auquel l’équipe a dû faire face. Puis, vient la question de la mentalité des gens qui n’étaient pas habitués à une telle structure.
« Pour le moment, les services sont disponibles certes, mais ils n’ont pas les moyens pour en profiter. Nous avons fait en sorte que nous utilisions des éléments locaux afin de réduire le coût », a déclaré M. Michel. Mais, ils ont fait en sorte que le patient ait à l’esprit qu’il vient à un hôpital ordinaire où il peut trouver des soins de santé mentale. Ce qui enlève un peu de complexe chez les personnes qui fréquentent le Centre.
Le staff est composé de quatre infirmières, deux psychologues, un médecin de famille, un technicien en Laboratoire, un gardien ménager. Il a une vision beaucoup plus grande, à en croire Guesly Michel.
» Nous voudrions qu’il y ait au moins un centre de Santé mentale dans chaque département du pays », a t-il dit avant de faire savoir que ce sera pas trop difficile. Puisque, a t-il poursuivi, les médecins en santé mentale n’ont pas besoin de grand chose pour fonctionner.