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Il s’appelle Jean Joseph Makanaki Audain, mais on le connait sous le pseudonyme Makanaky adn. Poète, slameur et écrivain, il a dû laisser le pays pour se rendre au Chili en quête de « Mieux-être » après avoir beau résisté. Aujourd’hui, il est l’auteur de « Oiseau Noir Migrateur », un recueil de poésies dans lequel il a exprimé ses vécus mais aussi ses envies et besoins. Nous proposons l’essentiel de cette interview qu’il a accordée à Haïti Flash Info.

Makanaky adn c’est votre pseudo, mais qui êtes-vous?

Poète et slameur, Jean Joseph Makanaki Audain est mon nom complet et je le réduis à Makanaky Adn, mon nom de scène. Je suis né en Haïti et grandi à quelques kilomètres de la capitale, Port-au-Prince sur l’île de la Gonâve. À l’âge de 15 ans j’ai découvert mon talent pour l’écriture. Et là maintenant je suis membre de plusieurs collectifs et regroupements culturels internationaux comme, Putaendo Historico, Slam Chile et Abya Yala Poetry Slam et auteur de deux recueils de poèmes et d’une vingtaine d’audios de poésie musicalisée.

Pouvez-nous raconter votre entrée dans le monde artistique?

Après avoir essayé d’être chanteur, mais en vain, quelque chose qui me fait maintenant rire et après avoir essayé d’être dessinateur sans savoir, avec une plume sur une feuille, si ce serait la poésie qui me donnerait la possibilité de créer des images.

Ne pourriez-vous pas remonter à une date plus ou moins précise?

Mais oui, ça a commencé entre 2004 et 2005 avec le besoin d’exprimer, un sentiment d’affection pour une fille à l’école, un beau souvenir, en écrivant des acrostiches jusqu’à atteindre mes premières rimes. C’est vrai que je participais dans des petites activités culturelles dans ma localité mais c’était en 2015, j’ai dit que j’allais consacrer ma vie à la poésie, mais à la poésie urbaine. Quand j’ai découvert le Slam, cette nouvelle forme de poésie orale m’a vraiment fasciné, car elle fait sortir la poésie du livre aux espaces publics.

Aviez-vous intégré un collectif ou travailliez-vous en solo?

J’ai participé à quelques petits concours, ateliers d’écriture, et des activités nationales. Puis, j’ai été membre de l’ASPIC (Artistes Solidaires pour la Promotion de l’Intellectualité à travers la Culture en Haïti). Cette même année j’ai réalisé une dizaine de publications d’audios de poésie musicalisée enregistrées dans le studio d’un ami à Port-au-Prince.

Maintenant que vous vivez au Chili, pouvez-vous nous raconter votre expérience?

Le 2 juillet 2016, je suis arrivé au Chili, j’ai pu franchir la barrière linguistique grâce à mon frère polyglotte Lolo (chaîne youtube : Idiomas con Lolo) puisqu’il a une méthode qui permet d’apprendre la langue facilement. Faisant partie de la communauté haïtienne, en tant que migrant j’ai dû affronter la structure sociale du pays, rejoindre le monde du travail pour régulariser progressivement ma situation jusqu’à ce que j’obtienne la permanence définitive. Parallèlement J’ai développé un amitié avec des groupes et des espaces culturels.

Vous venez d’un pays francophone, dîtes-nous comment vous avez fait pour gérer les barrières linguistiques?

Certains espaces publiques m’ont beaucoup aidé. Tels que Agrupación Cultural Putaendo Histórico et Ecoescuela-Arte-Esencia Casa Putintü de Putaendo, Casa de la Cultura Trenes del Viento de Llay Llay, Createmu de Catemu, Slam Chile, Mestizos. Dans cette nouvelle langue j’ai pu montrer et développer mon art poétique en résistance, en revendiquant la dignité noire, en générant des réflexions sur cette cause et les défis imposés par la migration. Ici, je forme aussi une famille interculturelle.

Parlez-nous des livres que vous avez publiés?

J’ai publié mon premier ouvrage poétique, « Oiseau Noir Migrateur » écrit en trois langues : espagnol, créole et français, qui a eu un grand succès jusqu’à la distribution de nombreux exemplaires dans des bibliothèques publiques et des écoles du pays grâce à colaboration de « Agrupación Cultural Putaendo Historico » . Et oui, à la fin de cette année 2018 j’étais entrain de préparer comme artiste indépendant la deuxième édition en espagnol. Puis, à la fin de la même année, j’ai publié mon deuxième livre « En Amor Arte », un recueil de poèmes illustrés par mon épouse, Natalia Esmeralda et mon ami Shino, où je raconte à quel point cela a été spécial pour moi de vivre dans la Vallée de l’Aconcagua qui est un bassin d’origine cordillérienne, qui se trouve dans la région de Valparaíso au Chili. Les deux œuvres sont disponibles dans la boutique Bemba Colorá, une plateforme de diffusion de contenus éducatifs, afro-descendants et antiracistes.

Et si vous nous parlez de vos projets?

Nous organisons des événements internationaux de slam en collaboration avec d’autres poètes de diverses nationalités, résidents au Chili, des poètes par exemple du Venezuela, de la Barbade, d’Espagne, du Chili et d’Haïti, regroupés sous le nom de Slam Chile.

Ce projet semble être à long terme, est-ce que ça veut dire que vous avez pas de projet à court terme?

Cette année 2021, j’ai été en contact avec Editorial Ñirre, pour la publication d’un recueil avec la compilation de dix poèmes de mon premier livre, intitulé « Liberaciòn emocional ».
Ce même ensemble de poèmes est devenu mon grand projet artistique actuel, puisque ma voix en les lisant est enregistrée, mixée et mastérisée dans « Estudio Itinerante ; avec des « intrumental » créé par Ágave la Brava, Adamoo et Sebastián Pradenas, donnant vie à mon premier album-poétique. Nous façonnons également cinq clips vidéo.

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