
Dans une interview accordée à nos confrères du quotidien Le Nouvelliste, le Président de l’association professionnelle des banques (APB) Franck Helmcke avise l’État haïtien de la présence d’Haïti sur la « liste grise du GAFI ». Une situation qui sollicite un « engagement politique ferme et de haut niveau ». Ne pas intervenir pourrait conduire le système bancaire haïtien vers le » derisking « .
Franck Helmcke en des termes précis a apporté des éclaircissements sur la terminologie de la fameuse » liste grise « . » Être sur la « liste grise » (jargon utilisé par la presse spécialisée) signifie qu’Haïti ayant des déficiences stratégiques importantes de son régime de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) est désormais considéré comme une juridiction soumise à une surveillance accrue ».
Il a également fait savoir que le fait pour le Groupe d’action financière de mettre Haïti sur la liste du 25 juin dernier aux côtés de 22 autres pays dont la Barbade, la Jamaïque et les Îles Caïmans, est un message fort adressé aux autorités du pays. Ce qui, pour lui nécessite un « engagement politique ferme et de haut niveau » qui devra être opérationnel par » la mise en œuvre d’un plan d’action « . Ainsi, qui devra être » élaboré conjointement par les autorités haïtiennes et les experts du GAFI dans le but de renforcer l’efficacité et la conformité du dispositif LBC/FT ».
D’après ce qu’il a fait comprendre le GAFI a listé Haïti en raison des déficiences stratégiques enregistrées en juillet 2019 dans le rapport d’évaluation mutuelle d’Haïti. Les efforts du pays étant faibles, ce qui nécessitera » une volonté politique au plus haut niveau de l’État haïtien et une action coordonnée pour l’application des mesures prioritaires formulées dans le plan d’action ».
Selon ce qu’il a fait comprendre, une telle sanction n’est peut-être pas punitive, mais, n’est pas sans conséquence non plus sur le pays, par le simple fait de figurer sur cette liste.
Les pays indexés devront » fournir un rapport au GAFI à l’occasion de chaque réunion plénière (février- juin- octobre) et de soumettre parallèlement au GAFIC (branche Caraïbes du GAFI) ses rapports statutaires ( mai -novembre) découlant de son évaluation mutuelle de 2019″.
Il a poursuivi en faisant comprendre que le GAFI n’a pas pour mission d’appliquer des contre-mesures, cependant les institutions financières du pays auraient à répondre pour les transactions internationaux, à des frais plus élevés. » Connaître une augmentation de la fréquence des demandes d’information ainsi que des délais additionnels à l’occasion de transactions effectuées via nos banques correspondantes. Notre système bancaire pourrait également faire face à un mouvement de derisking, qui affecterait sérieusement sa compétitivité dans le financement de notre commerce international » a-t-il complété.
Toutefois, il a indiqué que si les autorités haïtiennes ne tiennent pas compte de ces recommandations les conséquences seraient dramatiques. Au risque que le GAFI place le pays sur la « liste noire » en cas de déficiences stratégiques majeures. Ce qui conduirait à l’exclusion du système bancaire haïtien du système financier international.
Pour remédier à cette situation M. Franck Helmcke a indiqué qu’Haïti est contrainte de mettre en œuvre le plan d’action qui lui a été fourni et ce dans le délai imparti.
« Ce plan constituera sa feuille de route » Haïti aura donc a dresser une typologie des risques spécifiques de blanchiment dans un premier temps, qui tiendra compte de l’efficacité du dispositif LBC/F, avec la collaboration du comité national de lutte contre le blanchiment des avoirs (CNLBA) et les autres entités concernées comme l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF), l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), la BRH, les instances judiciaires etc.
Pour finir, il a précisé que l’ensemble du système judiciaire du pays devra apporter leurs contributions afin de garantir l’implémentation d’un cadre juridique répondant aux prescrits du GAFI.